Un dernier texto et je referme mon cellulaire, mettant ce dernier dans ma poche. Pourquoi ne pas y avoir pensé plutôt? L'évidence ce trouve devant moi et moi, comme un pauvre imbécile, je n'ai pas été assez réveillé pour faire le lien. Cette boutique, c'est... c'est... LE PARADIS. Et y entrer avec Matteo pourra m'aider, je ne peux le nier. Personne n'oserait mettre quelqu'un comme Matteo à l'extérieur d'une boutique puisque ce dernier n'a pas l'air bien méchant. Pour ma part, un simple regard de travers et je sais d'avance que l'employée de cette somptueuse boutique me montrera la porte du bout de son doigt. Et avec le doigt du milieu. Mais avec Matteo à mes côtés, ce ne serait pas la même chose, j'en suis persuadé. Quelques sourires en coin de la part des vendeuses et ensuite, à moi la gloire et les histoires à raconter à mon travail dès le lendemain matin. Nerveux, j'attendis avec impatience sur le petit banc devant la boutique, ne sachant pas trop où poser mon regard. Si je le dirige directement dans la boutique, ceci n'est pas très subtil. Si, au contraire, je regarde complètement ailleurs, j'aurais l'air du garçon inintéressé. Regarder en bas me donnera l'aspect du ''je m'en foutisme''. Alors, je regarde en haut, vers le plafond, comme si ma vie en dépendait. Et je compte. Quoi? Peut importe. Le nombre de jour qu'il reste avant Noël. Le nombre de jour qu'il avant Noël de l'an prochain. Les moutons. Les tuiles au plafond. Je compte les secondes qui s'écoulent lentement. Je sais que Matteo fera sont possible pour arriver le plus tôt, cependant, dans mon cas, c'est long. C'est même très long. 15 petites secondes, c'est encore trop long. Nous n'habitons pas à l'autre bout de la planète, mais j'ai l'impression que c'est présentement le cas, tellement c'est long. Chaque seconde passé à attendre, est une seconde perdue dans cette boutique.Je ne m'attends pas au pire, mais je m'ennuie. M'ennuie de regarder le plafond et d'espérer entendre la voix de mon meilleur ami.

Si au moins il aurait voulu venir avec moi, au lieu d'aller travailler. Il aurait pu passer une agréable journée au centre d'achat. Mais non, ce dernier voulait absolument travailler. Seigneur, on est vendredi. Que fait-ont un vendredi après-midi? On fait n'importe quoi, sauf travailler. Travailler le vendredi, c'est pour les looser. Le weekend commence le jeudi, vers midi. Pas avant sinon, c'est de la triche. Combien de fois ne suis-je pas entré au boulot un vendredi? Souvent, trop souvent. Tellement souvent que mon patron a donné cette journée si payante à une nouvelle serveuse qui venait tout juste d'arriver au poste. Moi, j'ai congé et c'est mieux ainsi. Comme ça, je peux passer du temps où je veux et avec qui je veux. Comme maintenant, c'est avec Matteo et avec personne d'autre. Enfin oui, j'aurais préféré quelqu'un d'autre, comme quelqu'un qui achète des vêtements dans la boutique que je ne dois pas regarder pour ne pas me faire juger, mais je vais me contenter de Matteo. Parce qu'il est un ami, mais également parce que je lui en dois une. J'ai tout de même pris l'eau chaude au complet ce matin, l'empêchant de prendre une douche chaude. J'ai également terminé le café et le lait. J'ai aussi pris la dernière barre chocolaté, celle qu'il aime tant, hier soir, avant d'aller au lit. J'ai aussi fait une liste de ce qui pouvait manquer dans l'appartement et laissé le tout sur la table, avec un joli bonhomme sourire, accompagné d'un ''merci''. Va t-il comprendre que c'était pour lui? Qu'il faut qu'il aille tout acheter ce qu'il manque? Certainement, puisque c'est moi qui a écrit le message et que nous ne sommes que deux à habiter dans cet appartement. À moins qu'il ne croit avoir écrit ce message? Avec Matteo, tout est possible. Mais pas à ce point. Enfin, je l'espère car si oui, la prison ne l'a pas aidé. J'aurais pensé qu'il aurait changé tout de même un peu. Rester sur la défensive en me voyant ou encore, ne pas vouloir me parler, mais ce n'est pas le cas. La prison ne l'a pas fait mûrir. Selon moi, si quelqu'un lui proposerait d'y retourner, il pourrait bien accepter. Pour pouvoir revoir quelqu'un? Je ne lui ai jamais demandé. Peut-être s'était-il fait un petit ami? En secret? Pour cette raison, il ne m'en aurait jamais glissé mot. Pourquoi garder ça secret? De peur que je puisse le lui voler? Si oui, il ne me connait pas suffisamment. Jamais je ne volerai le petit ami de mon meilleur ami. À moins que ce dernier insiste. Si c'est le cas, je ne peux qu'approuver son choix. En résumé: Matteo s'est fait un petit ami, qui refuse de me présenter. Par honte? Il a peur que je sois déçu de son choix d'amoureux? Pour faire quoi? Si lui est bien avec, pourquoi devrait-il s'en faire pour moi? Parce qu'il ne veut qu'approuver mes choix. Parce qu'il ne veut pas me faire de la peine. Parce qu'au fond, Matteo ne peut se passer de moi. Sur cette dernière pensée, je ne peux m'empêcher de sourire maladroitement, posant mon regard vers le magasin Victoria's Secret.

Ce que Matteo déteste chez Alexis? La manière que ce garçon a d'être terriblement harcelant. Comme si tout le monde lui appartenait, à n'importe qu'elle heure du jour ou de la nuit. Dès qu'il n'a pas envie d'être seul? Il séquestre quelqu'un, voilà tout. C'est un comportement si égoïste, si déplaisant et... pourquoi diantre Matteo était-il donc entrain de se rendre au point de rendez-vous alors? Allez savoir... Alexis, il a aussi le don de vous faire des petits yeux de pitié et vous faire sentir coupable de ne pas venir le rejoindre alors que vous êtes occupé. Ça ne marche pas sur la plupart des gens, sauf bien sûr, sur Matteo. On lui demanderait de sauter en bas d'un pont pour aller chercher une cheetos qu'on a échappé et il le ferait probablement. Idiot? Peut-être, mais vous ne pouvez pas insinuer qu'il ne se fend pas en quatre pour ses amis. Un peu trop pour son propre bien, même. Justement, le blond venait tout juste d'annuler son prochain rendez-vous, ce qui n'allait pas lui donner une image très professionnelle envers son client, pour aller rejoindre un Alexis un peu trop impatient par textos. Si impatient qu'en sortant de son domicile, Matteo avait tout simplement oublié d'enfiler des vêtements jugés correct en publique. Non, il n'était pas nu, mais il avait toujours le bas de son pyjama, ainsi qu'un t-shirt trop grand, muni d'un col en v. Pas une tenue qu'on peut considérer comme étant chic, mais peu importe. Il lui arrivait souvent de se balader en pyjama à l'extérieur. Ce n'est pas comme s'il portait une importance quelconque à ce que les gens pensent de lui. Surtout pas Alexis en fait. Vous connaissez surement ce sentiment vous aussi. Ceux avec qui vous n'avez absolument aucune gêne. Vous pourriez vous balader en sous-vêtements devant eux, décoiffés ou bien sentir la transpiration à plein nez, vous vous moquez un peu de leur réaction ou bien de leur opinion. Alexis, c'est un peu ce genre de personne pour lui. De toute manière, ce n'est pas comme si son opinion valait de l'or, justement. Dire qu'il a un bon jugement équivaudrait à dire que Matteo a une concentration de fer. C'est tout simplement faux.

Stationnant son automobile, ayant son permis de conduire fraichement retrouvé depuis peu, il sortit du véhicule, cellulaire en mains. Ne portant aucune attention aux filles qui le regardaient de la tête aux pieds en riant à quelques mètres de lui, il entra dans le centre commercial, déjà ennuyé de se retrouver à cet endroit. Vous savez ce mythe qui dit que tous les homosexuels aiment aller magasiner? Et bien, il est faux. Matteo déteste mettre les pieds dans ce genre d'endroit. La mode, le parfum, toutes ces choses.... ce n'est pas pour lui. Il préfère de loin les vêtements confortables achetés à la va vite et les objets pratiques. Très loin du matérialisme en fait. On pourrait croire le contraire, mais il faut dire que c'est la plupart de ses amies qui le conseil sur sa garde-robe et le forcent à mettre certains vêtements. La preuve? Le pyjama qu'il porte justement en ce moment. - ' j'arrive, j'arrive.' - Ce fut le seul texto qu'il envoya à Alexis, entreprenant de le trouver lui-même, sans indications, dans la bâtisse. Ce ne fut pas bien compliqué, le trouvant après à peine deux petites minutes. Il se trouvait là où on l'imagine: devant une boutique de lingerie fine. "Tu sais que je suis gay, pas travesti..." S'il se serait agit de n'importe qui d'autre, Matteo n'aurait pas pensé à mal, mais puisqu'il s'agissait d'Alexis, il savait très bien qu'il n'était pas devant cette boutique par hasard. "Sauf si c'est pour t'acheter un string... je vois pas que tu veux y faire. Les pervers y sont vite repérés tu sais?" Et pour paraître obsédé, Alexis était le roi. Il venait justement de harceler Matteo pour qu'il vienne le rejoindre alors que ce dernier avait précédemment refusé son offre. Résultat? Il allait devoir travailler durant le week-end pour payer le loyer que son colocataire ne payait pas la majeure partie du temps. Pour aller voir des filles dans une boutique de lingerie... Allez savoir comment il voulait s'y prendre pour regarder à travers les cabines d'essayage. À dire vrai, Matteo ne voulait pas vraiment le savoir.

- ' j'arrive, j'arrive.' - C'est tout? Comment ça, c'est tout? Même pas un, tu me manques? Avec Matteo, je peu très vite être déçu. Dans un autre sens, je ne vois pas pourquoi Matteo m'aurait écrit une telle phrase. Nous sommes amis, mais pas amis. C'est compliqué à expliquer, mais des fois, j'ai l'impression que Matteo me prend pour un bouche troue. Dès qu'il le peut, il s'occupe de moi. Moi, même lorsque je travaille, je pense à lui. Je manque mon travail pour passer du temps avec lui. Je quitte souvent beaucoup plus tôt pour pouvoir être avec lui. Lui, que fait il pour moi? Pas grand chose. Encore aujourd'hui, il était à son travail. Il a fallu que je le texte, prétendant quelque chose d'urgent, pour que celui-ci puisse me donner un peu de temps. Rejoindre un ami, ça n'a pas de prix. Surtout lorsqu'il s'agit de sous-vêtement féminin, Je ne peux m'empêcher de regarder de temps en temps vers la boutique, espérant voir quelqu'un me faire un signe de la main, m'invitant à aller le rejoindre. Je veux y entrer et surtout, y rester. PENDANT DES HEURES. Au diable si je manque le diner. Au diable si je manque un rendez-vous important. Je sais que cette journée sera la bonne puisqu'il n'est pas question de reculer. Dès que Matteo se trouve dans mon champs de vision, je m'empresse de me lever pour me rendre à sa rencontre. Ce n'est que là que je vois comment il est habillé. J'aurais préféré le voir dans une tenue un peu plus sexy, quelque chose qui ne peut me faire honte, mais c'est ça des amis. Toujours faire semblant d'être heureux, même lorsque l'autre à vos côtés vous donne la nausée dans son accoutrement. - Je ne vois pas le rapport du travesti dans tout ça... - À vrai dire, je le vois bien mais je suis trop fier qu'il puisse être à mes côtés pour lui expliquer ce que j'ai en tête. Je ne veux pas le repousser, le faire partir et devoir trouver une nouvelle idée. Selon moi, cette idée est vraiment la meilleure qui soit. Même la meilleure que j'ai eu depuis ma naissance. Et même si j'ai uniquement les meilleures idées, je crois dur comme fer que cette dernière pourrait me rendre loin. Nous rendre loin maintenant, puisque Matteo fait parti du complot. - Je sais que les pervers se font mettre à la porte, ne t'inquiètes pas avec ça. C'est pour ça que je vais t'accompagner. Et ne dis pas le contraire, t'as l'air d'un pervers en pyjamas habillé de cette façon. - Je pourrais bien me retourner et me diriger vers une boutique pour homme pour habiller Matteo, mais le temps me manque. Pas que les boutiques fermeront bientôt, loin de là, mais plus je prend du temps pour mon ami, moins de temps je vais pouvoir passer avec de jolies créatures.

Tout en donnant la main à Matteo, j'entre dans le magasin de sous-vêtement, essayant de ne pas trop sourire. Je sais que certaines personnes peuvent se moquer de Matteo et moi, mais peu importe. S'ils savaient exactement ce que j'ai en tête en ce moment, personne ne se moquerait. J'entreprend donc de me diriger, toujours en compagnie de mon fidèle Mattou, vers un présentoir de petites culottes de toutes les couleurs. Une véritable joie pour mes yeux, mais également pour mon esprit. Et si jamais quelqu'un nous demande ce que faisons là, je ne pourrai nier l'évidence. Je suis ici pour aider mon ami, attardé mental, à s'habiller. Il croit être une fille et même si quelqu'un le lui dit, il ne change pas d'idée. Il veut des sous-vêtements féminins et surtout, en essayer. Ben quoi? Sinon, comment vais-je pouvoir m'approcher des cabines d'essayage?